Parole de chercheur : Vincent DE RUDNICKI, cofondateur et directeur scientifique

A l’occasion de la Semaine de la recherche du 26 au 30 septembre 2022, nous souhaitons valoriser les profils inspirants qui travaillent quotidiennement au sein de Bliss Ecospray. Découvrons dès à présent le portrait de Vincent DE RUDNICKI, cofondateur et directeur scientifique. 

Quel est votre parcours professionnel et comment en êtes-vous arrivé jusqu'à la création de Bliss Ecospray ?

Je suis initialement un concepteur mécanicien électronicien. J’ai ensuite suivi un parcours universitaire en électronique en IUT validé par diplôme d’ingénieur DPE. En entrant en 1982 dans un centre de recherche pour les agroéquipements « le Cemagref », j’ai de suite côtoyé une équipe d’ingénieurs pluridisciplinaires : mécaniciens, hydrauliciens, électroniciens, informaticiens, agronomes, etc. Nous avons imaginé nombre de solutions de rupture pour répondre aux enjeux de l’automatisation des tâches agricoles.


Nous avons eu la chance d’être les pionniers de l’électronique numérique, l’imagerie, l’automatisme, la robotique, la mécatronique … les années 80-2000, une période où l’évolution technologique avait une courbe exponentielle. Ainsi, j’ai immédiatement travaillé avec des industriels partenaires pour concevoir des systèmes innovants : les sécateurs électroniques asservis. J’ai toutefois été confronté aux usages des utilisateurs sur le terrain (ce qu’on appelle aujourd’hui l’UX-Design) et aux contraintes industrielles ainsi que celles inhérentes à la structuration de la Recherche et du financement.

Après une période à développer des solutions pour la robotique et des outils d’assistance au travail pour les viticulteurs, j’ai travaillé sur l’application des traitements phytosanitaires et principalement sur la quantification des impacts environnementaux. C’est dans ce contexte que j’ai développé des outils NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) pour mesurer les conditions d’application des machines mais aussi la mesure des résidus à proximité des parcelles et celles plus éloignées.

De cette manière est né le système PICORE de traçabilité et d’assistance à la viticulture, un outil d’aide pour les viticulteurs qui n’avaient pas les moyens de mieux car les impacts étaient très importants. Durant 5 ans en tant que conseiller scientifique à l’UMT ECOTECHVITI (IFV-INRAE), j’ai contribué à l’élaboration des systèmes de mesure et à l’évaluation des matériels de traitement et de mesure en initiant les études LIDAR.

Je me suis également consacré à ma conviction que mesurer n’était pas suffisant : mon engagement de chercheur m’imposait de trouver une solution qui, non pas atténuait les impacts, mais les supprimait à la source, la conception même du système de pulvérisation ! Ainsi, dès 2014 je proposais une collaboration au VINITECH pour développer un robot de traitement confinant totalement la pulvérisation.

Face à une demande pressante des viticulteurs, j’ai étudié le développement d'une solution qui réponde aux enjeux sociétaux de réduction des impacts environnementaux et des quantités de produits.

D'où vous est venue la passion de la mécanique ?

Depuis tout petit, j’ai construit des maquettes puis ensuite trafiqué mes motos, voitures, et conçu moult objets pour mon loisir et les copains.

À une époque pionnière, la conception mécanique et électronique m’a ouvert les champs du possible et de l’utopie. La passion d’imaginer est en moi, dans mes gènes nuit et jour.

Que représente pour vous cette semaine de la recherche au sein de Bliss Ecospray ?

Cette semaine est l’occasion de valoriser les travaux de chercheurs. Les solutions que nous pouvons découvrir, mêmes les plus abstraites, peuvent apporter des résultats concrets, là où on n’y pensait pas. D’où l’utilité des publications et veilles bibliographiques ! 

« Rien ne sert de savoir si on ne fait pas savoir. »

Quelles sont vos missions au sein de Bliss Ecospray aujourd’hui ?

Mon rôle aujourd’hui au sein de Bliss Ecospray est de transmettre mon expérience, mes connaissances et toutes les idées que je n’ai pas pu mettre en œuvre. Enfin, j’espère avoir encore de nombreuses années devant moi pour porter Bliss Ecospray à son apogée et en faire une référence.

Vous travaillez aux côtés de jeunes ingénieurs, que vous apporte cette collaboration « inter-âge » ?

Cette collaboration inter-âge, je l’ai connu toute ma fin de carrière avec les thésards mais aussi en tant qu’enseignant à la faculté et au CNAM. Quelle satisfaction de se faire interpeller par des anciens étudiants se rappelant de vos cours qui sortaient de l’ordinaire : le message était donc passé …

Ce qui me motive aujourd’hui, c’est d’être bousculé dans mes certitudes par l’impertinence des jeunes, impertinence respectueuse le plus souvent. C’est important, j’ai toujours respecté mes pairs et pères, je leur dois tout. Aujourd’hui, je continue avec la jeune équipe performante de Bliss Ecospray qui me bouscule et vice-versa. 

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à tous ceux qui souhaitent devenir ingénieur et/ou travailler chez Bliss Ecospray ?

Ce que je refoule toujours à l’énonciation d’une idée, c’est le « oui, mais ! » toujours porteur de négativisme. Voici une liste des « must-do » si vous souhaitez devenir ingénieur : 

  • Sortir de sa zone de confort
  • Avoir des idées réalistes
  • Aller voir ce qui se fait ailleurs
  • Lire
  • Être curieux
  • Exercer une veille sur les publications scientifiques
  • Toujours avoir un esprit critique !